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Le coup de frein post-Jeux olympiques et paralympiques (JOP) sur les dépenses de l’Etat en faveur du sport ne sera pas seulement perceptible en 2025. Il se poursuivra en 2026 et en 2027. Et son ampleur sur la période sera plus importante que ce qui avait été esquissé voici un an par le gouvernement alors en place.
Les crédits (de paiement) que l’Etat entend consacrer au sport en 2025 se chiffreront à 593,1 millions d’euros, contre 775 millions en 2024, soit une diminution de 23,47 %. Les prévisions pour 2026 et 2027 font état d’une stabilisation de l’enveloppe en 2026 par rapport à celle de l’année 2025, puis d’une diminution de 1,2 % en 2027.
« Il convient de souligner la dégradation de la situation en un an : les estimations données [dans le cadre du projet de loi de finances pour 2024] faisaient certes état d’une diminution de la dotation, mais dans des proportions moindres », relève le député Joël Bruneau (groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires), rapporteur sur les crédits de la « mission sport » pour l’année 2025, qui qualifie cette trajectoire de « problématique ».
Alors que les exécutifs successifs n’avaient eu de cesse, ces deux dernières années, d’insister sur « l’héritage » que laisseraient les JOP, cette évolution des moyens engagés par l’Etat « interroge sur la capacité de notre pays de prolonger l’élan des JOP », considère Joël Bruneau dans son rapport, publié vendredi 8 novembre.
Devant les députés, le 29 octobre, puis devant les sénateurs, le 30 octobre, le ministre des sports, de la jeunesse et de la vie associative, Gil Avérous a tenu à assurer qu’il n’y aurait pas là matière à s’alarmer : cette baisse des crédits budgétaires de l’Etat, qui tient pour une part à l’arrêt de certains financements liés à l’organisation des JOP, « ne fragilise en rien la défense de l’héritage des Jeux », a-t-il déclaré, ajoutant avoir « tout à fait les moyens de préserver les politiques publiques et de maintenir les objectifs ».
Le moins que l’on puisse dire est qu’il n’a pas convaincu les parlementaires qui ont été nombreux à déplorer que « le compte n’y [soit] pas » par rapport aux discours de M. Macron et de ses différents gouvernements quant à une « lumière » qui ne s’éteindrait pas une fois les JOP finis.
« Le projet de bâtir une “grande nation sportive”, selon les mots du Président de la République, risque de s’en trouver fragilisé », estime de la même façon Joël Bruneau, selon qui ces perspectives, par ailleurs, « ne permettent pas de donner un cap clair aux acteurs du monde du sport ».
Une bonne partie des critiques et des inquiétudes des élus – mais aussi du monde associatif sportif – se focalisent sur le fait que le gouvernement de Michel Barnier a décidé d’annuler 100 millions d’euros de crédits de paiement initialement prévus en 2025 pour cofinancer, aux côtés des collectivités territoriales, la construction d’équipements sportifs.
Tout en relevant que « la dépense n’est pas synonyme d’efficacité », et se disant conscient « de la situation très critique des finances publiques », Joël Bruneau considère que « la situation » pour le monde sportif « pourrait rapidement se révéler alarmante » compte tenu de « la décrue annoncée des moyens des collectivités territoriales, lesquelles sont les premiers partenaires de l’écosystème du sport ».
Un point sur lequel le rejoint Gil Avérous : ce dernier a déclaré que, s’il « n’est pas inquiet » quant à l’évolution des financements de l’Etat et à la capacité à accompagner les projets des collectivités en matière de sport, « il y a une vraie préoccupation » sur les choix que celles-ci pourraient être amenées à faire « dans leurs investissements ».
Dans son rapport, Joël Bruneau appelle à « travailler rapidement à une organisation plus efficiente et explorer de nouveaux modes de financement ». Il invite par exemple à « imaginer le cadre juridique permettant des cofinancements privés ».
Philippe Le Coeur
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